top of page

Arnaud Lalanne explore le monde et bien plus encore ...

crédit photo : Arnaud Lalanne, écrivain, voyeur, pèlerin
crédit photo : Arnaud Lalanne, écrivain, voyeur, pèlerin

Il y a des instants qui bouleversent une vie entière. Pour lui, ce fut d’abord un accident. En mai 2017, alors qu'il voyageait en Islande, il est tombé dans une source d’eau bouillante à 120 °C. Dix secondes suffirent pour brûler ses jambes au second degré et le clouer à l’immobilité. Il avait entrepris un tour du monde, et voilà qu'il se retrouvait à Paris, bandages aux genoux, à douter de tout. Devait-il rentrer à Marseille et renoncer à son projet de pèlerinage sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ?


Ce jour-là, en sortant d’un examen médical, il a lancé un défi à l’Univers et s'est adressé au ciel en faisant cette prière : « Montre moi un signe. S’il est question de Compostelle, j’irai là-bas. Sinon, j’arrête là. » Quelques minutes plus tard, dans la station de métro Grands Boulevards, ses yeux se sont posés sur une immense affiche publicitaire : « Cet été, tous les chemins mènent à Compostelle ! »


L’émotion l’a submergé. Comme une scène de film, il est resté figé, les larmes aux yeux, tandis que le flot pressé des Parisiens l’entourait. Il a compris qu'il n’avait plus le choix. Le Chemin l’appelait.


Quelques semaines plus tard, malgré la douleur persistante de ses brûlures, il s'est lancé en Espagne sur le Camino Francés, l’itinéraire le plus emblématique de Compostelle. Parti de Saint-Jean-Pied-de-Port, il a marché trente-trois jours jusqu’à Santiago, guidé par une seule certitude : s'il suivait ce pèlerinage avec le Cœur, il lui apporterait ce dont il avait besoin.


Crédit photo : Arnaud Lalanne

Pour Arnaud Lalanne, ce fut le point de départ d’une transformation profonde, à la fois humaine, spirituelle et littéraire.


Le Camino Francés lui a enseigné que l’essentiel ne se capture pas, il se vit. La liberté naît du dépouillement et le pèlerinage initiatique commence vraiment quand on accepte de se délester de tout ce qui nous encombre. Sur ce chemin, il a compris que marcher, c’était apprendre à être pleinement soi, sans masque et sans artifice.




Si le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle est une école de dépouillement, c'est aussi une école de fraternité. Chaque jour, au détour d’un sentier ou d’une auberge, il croisait des pèlerins venus du monde entier : un étudiant coréen, une retraitée allemande, un artisan espagnol, une mère de famille française… Chacun portait une histoire différente, une blessure, un rêve, un besoin de silence.


Et pourtant, malgré ces différences, ils étaient tous reliés par la même marche. Comme Arnaud le dit si bien : "le Chemin a cette force incroyable. Il gomme les barrières sociales, culturelles, religieuses. Là où nos vies sédentaires nous enferment souvent dans des rôles ou des identités figées, Compostelle nous ramène à une humanité simple et nue. Je me souviens de repas partagés autour d’une table en bois, où le langage n’avait plus vraiment d’importance. Quelques mots, des gestes, des sourires suffisaient à tisser des liens profonds. Je me souviens aussi des gestes d’entraide : un pansement offert pour une ampoule, une gorgée d’eau partagée sous le soleil brûlant, un encouragement soufflé dans une montée difficile. Ce qui m’a marqué, c’est ce sourire universel que l’on retrouve à la fin de chaque étape. Fatigués, transpirants, parfois douloureux, mais heureux d’être arrivés. Ce sourire, je l’ai vu sur les visages de tous, qu’ils viennent de Tokyo, de Berlin, de New York ou de Marseille. C’est le sourire d’une communauté éphémère mais authentique, qui se forme et se défait chaque jour au rythme des pas."


crédit photo : Arnaud Lalanne
crédit photo : Arnaud Lalanne

De cette marche est né un livre. Il a voulu que son premier roman soit à l’image du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle : à la fois ancré dans le réel et ouvert sur l’invisible. Le titre, Les Yeux bleus de la coquille Saint-Jacques, peut surprendre. Pourtant, il est profondément symbolique. Comme il me l'explique plus en détail lors de notre entretien, peu de gens savent que la coquille possède près de deux cents minuscules yeux bleus, chacun doté d’un miroir concave. Ces yeux lui permettent de percevoir la lumière et de voir ce que l’œil humain ne peut distinguer. Pour lui, cette faculté évoque parfaitement ce que permet le pèlerinage : apprendre à voir la vie autrement, à déceler derrière chaque épreuve une lumière cachée, à découvrir un horizon intérieur.




Le personnage principal, Arthur, est une figure de fiction, mais il est nourri de sa propre expérience. Ses épreuves, ses doutes, ses élans de joie et ses rencontres sont inspirés de celles qu'il a vécues sur le Camino Francés. Chaque pèlerin rencontré devient dans le roman un guide, une clé, une voix qui l’aide à avancer dans sa quête intérieure.


Mais au-delà d’Arthur, je crois que le véritable héros de ce récit est le Chemin lui-même. Dans le roman comme dans la réalité, il agit comme un miroir. Il confronte, il dépouille, il guérit. Il montre que marcher, c’est à la fois avancer dans le monde et progresser en soi.


Arnaud Lalanne aimerait que les lecteurs de son livre retiennent que chacun peut trouver son propre Chemin. Les Yeux bleus de la coquille Saint-Jacques n’est pas seulement l’histoire d’un pèlerin, c’est une invitation universelle. Une invitation à ralentir, à s’écouter, à s’ouvrir à l’autre. Une invitation à suivre son Cœur.


Il a voulu écrire un roman initiatique qui s’inscrive dans la lignée de la littérature de voyage, mais qui dépasse le simple récit d’itinéraire. Un livre qui parle d’entraide, de fraternité, de résilience et de transformation intérieure. Un livre qui puisse toucher autant les passionnés du Chemin de Compostelle que ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, mais qui sentent, au fond d’eux, l’appel d’un chemin intérieur.


Après Les Yeux bleus de la coquille Saint-Jacques, un second livre est venu prolonger ce chemin intérieur. Son titre, Kaika, signifie « éclosion » en japonais. C’est un mot simple, mais qui exprime à merveille ce qu'il a vécu au fil de mes neuf années de voyage : une ouverture progressive, une floraison intérieure, comme si chaque étape du monde semait une graine en moi.


Contrairement à son roman initiatique, Kaika n’est pas une fiction mais un recueil de textes poétiques et philosophiques. Il y explore, en tant qu’écrivain voyageur, des thèmes universels : l’instant présent, la gratitude, l’enfant intérieur, l’amour de soi, la créativité, la vie et la mort. Ces réflexions sont nées de ses pas, de ses rencontres et de ses expériences.


Kaika est une invitation à ralentir, à observer, à se laisser traverser par la vie au lieu de vouloir la contrôler. Là où Les Yeux bleus de la coquille Saint-Jacques raconte une marche vers Compostelle, Kaika propose une marche vers soi-même. Il s’agit moins d’un récit de voyage que d’une philosophie du voyage, où chaque expérience devient un prétexte pour s’interroger sur notre rapport au temps, à la nature, aux autres et à nous-mêmes.


Plus d'informations sur :



Buen camino !!!


Lionel de Compostelle


Cliquez sur le logo ci-dessous pour voir l'intégralité de l'entretien



par les détours et les montagnes
par les détours et les montagnes



Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note

© 2025 compostelle-autrement.com  Clause de non-responsabilité de traduction

bottom of page